Observer et Confronter

Publié le par Christiane Perreau

Observer et Confronter


Observer et  faire face à ce qui est

 

Ce qui va mal, ce n’est pas le monde,
c’est notre manière de le regarder
Henry Mille
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Voulons-nous voir notre famille telle qu’elle est  ou telle que nous voudrions qu’elle soit ?

Voulons-nous regarder notre mère, notre père, nos aïeux avec nos "lunettes" ou images habituelles, nos pensées toutes faites, conditionnées  ou voulons-nous voir autrement et sortir de notre transe hypnotique  ?
 
Voulons-nous accéder à d’autres possibles, d’autres points de vue qui pourraient changer notre existence et nous permettre de vivre dans le présent, plus heureux et non sous la contrainte d'un passé qui n’est plus là, maintenant, dans le monde réel mais bien là dans notre esprit, notre mémoire !! 

Si je me permets de comprendre  vraiment une autre personne,
Il se pourrait que cette compréhension me fasse changer
Carl Rogers


Pour la personne qui constelle dans le but d'être soulagée d’une douleur ou d’une perturbation, rester consciente et ouverte à l’inconnu est un point fondamental. Une grande partie du processus dépend de l’attitude du client qui doit rester conscient de tout ce qui se passe sous ses yeux.

Cela peut paraître  évident mais face à nos traumatismes ingérables,  aux dangers et aux peurs, l’être humain utilise trois stratégies fondamentales de survie  :

- Attaquer pour se défendre et résister, projeter notre discours habituel sur l’autre.


- Fuir physiquement ou mentalement. Si le personne fuit mentalement, elle perd le contact avec ce qui se passe, elle se coupe de ses ressentis, elle part dans son monde imaginaire, raconte des histoires, tente de gagner du temps, fait du déni, rationalise ou oublie.


- S’effondrer et dramatiser les émotions, tomber malade ou se rendre inconsciente. La personne devient apathique, s’anesthésie, retirant sa conscience de la zone qu’elle ne peut pas confronter.

Ces modes de survie deviennent des automatismes et au cours d'un processus de constellation, ils peuvent apparaître à l’insu de la personne. il est donc important que  l’accompagnant observe si la personne reste au contact de la réalité ou tente de refouler ce qui se montre sous ses yeux, réalité parfois différente de son scénario habituel.

La solution se trouve dans l’observation. Nous savons aujourd’hui, en physique quantique, que l’observateur modifie la réalité observée. Cela s’applique aussi au champ de la constellation, de la clarification. En devenant témoin de notre histoire, l’identification s'estompe. Nous nous en décollons lpeu à peu et nous retrouvons le  Sujet que nous sommes.  

Dans une constellation, la personne qui constelle est, dans un premier temps,  à l’extérieur du champ observé ; une personne est là pour la représenter et vivre l’expérience directe à sa place.  Ce processus facilite grandement la mise à distance, l’état de témoin. Nous ne sommes pas au cœur de la tourmente. Nous sommes en arrière-plan, spectateurs de notre histoire. Avant nous étions plutôt mêlés au scénario, identifiés-collés à l’histoire. Nous n’étions plus une Personne, un Sujet, mais une chose, un objet.

Ainsi, par la Présence, l’observation, la confrontation,  nous pouvons comprendre ce qui nous fait souffrir et a fait souffrir les nôtres.  Au lieu d’éviter, de lutter, nous accueillons tout, tel que c’est dans un premier temps, sans juger ni chercher à modifier.  C’est faire face en maintenant notre attention  sur les expériences douloureuses non achevées au lieu de s'en détourner ; nous restons  attentifs, vigilants aux émotions dites négatives, à la culpabilité, au sentiment de "mauvaise conscience".

Au lieu  d’exclure, nous prenons avec nous toutes ces réalités  qui, souvent, sont différentes des nôtres ; ce que nous prenions pour des "vérités absolument vraies" perdent de leur puissance. Notre façon de voir, de penser se modifie.  Ce qui était figé se fluidifie. L’attention  piégée dans cette histoire se libère et devient disponible. Notre espace conscient s’agrandit. L’affinité pour nous-mêmes et le monde s’élargit.

La constellation met  à jour  tout un contenu psychique inconnu (impressions, émotions, sensations, mots).  Elle nous ouvre à d’autres réalités, celle d'un père violent, d'une mère dépressive et suicidaire, d’un frère mort né, d’un jumeau mort in-utéro, d’un héros, d’un bourreau. Et nous pouvons comprendre qu'il y a des causes inconnues qui produisent des effets sur notre clan, notre existence, que nous ne soupçonnions pas.

C’est un peu comme si nous regardions notre système au travers des yeux de toutes ces personnes. Nous changeons de lunettes… Nous  nous identifions consciemment à leur vécu, souvent inconnu, et découvrons que "notre histoire » n’est pas étrangère à celle de notre clan. Souvent une logique de survie apparaît avec des causes premières ayant des répercussions sur plusieurs générations. Ce qui était dramatique dans notre sphère personnelle est contenu dans un champ beaucoup plus vaste, celui de notre famille, de notre pays, de l’humanité. Le fait d’empathiser avec l'ensemble entame un processus d'intégration ; nous changeons de vêtements. Nous comprenons ce qui a fait souffrir notre clan.

En observant, en temps réel, nous pouvons prendre conscience que le scénario qui tournait sans cesse dans notre tête et nous hypnotisait appartient au passé que nous perpétuons dans le temps présent et projetons dans notre futur. Enfermés dans notre prison étroite, nous ne pouvions pas nous éveiller à  d’autres possibles. Mais l’observation et la confrontation (capacité à faire face) ouvrent notre regard ; nos certitudes  ne sont plus aussi "vraies".

Plus nous comprenons, plus l’histoire s’effondre et mieux la Personne se redresse, forte de son passé transmuté. Un nouveau scénario, aligné sur nos intentions actuelles se dessine. Nous retrouvons du pouvoir sur notre monde et ce qui semblait une fatalité perd de sa puissance.


Il n’est jamais trop tard  pour avoir eu une enfance heureuse
Milton Erickson


Les ruptures de liens  laissent la place à la communication et la compréhension. L’affinité circule. Ce qui avait été divisé, morcelé  séparé est à nouveau réuni. La Conscience que nous sommes a l’aptitude à se rétrécir ou à s’élargir, à devenir consciente ou inconsciente. Ce qu’elle a divisé, elle peut le réunir. C’est ce qui se passe dans un processus de constellation grâce à l’observation et l’accueil de ce qui est.  Comme dans un puzzle, des bribes d’histoire se rassemblent et s’harmonisent. Ce qui était opposé cohabite. Car fondamentalement, la Conscience est UNE et INDIVISIBLE. C’est la nature profonde des êtres vivants, y compris pour notre mère, notre père, notre famille, le bourreau ou la victime. Et un tel processus  nous amène à nous sentir plus entiers, plus complets, plus unifiés.

Christiane Perreau

 

 

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