À propos de la colère : point de vue de Robert

Publié le

Introduction de Christiane Perreau

Voici un point de vue très intéressant sur la colère de Robert Geoffroy, thérapeute, chercheur passionné par l’aide et l’Éveil à sa Vraie Nature  et qui a particulièrement étudié les cinq grandes blessures dont une va conditionner plus particulièrement notre personnalité, notre type d’égo.

J’aime ouvrir cet espace à d’autres points de vue même s’ils ne sont pas systémiques, car toute pensée peut, à un moment, devenir réductrice. Le propre d’une constellation est justement de nous offrir de nouvelles directions d’appréhensions et de compréhensions. Et le point de vue de Robert permettra peut être à quelques uns de mieux cerner la cause de leurs souffrances, donc de mieux se connaître, ce qui est l'objectif de ce blog. Et c'est en conscientisant nos mécanismes, nos douleurs, que nous pouvons nous en libérer petit à petit de nos conditionnements et retrouver qui nous sommes en Essence.
 
Pour en savoir plus sur les expériences et le travail de Robert, vous pouvez consulteson son site http://www.robertgeoffroy.com.




Point de vue de Robert sur la colère

J'ai lu avec intérêt le partage d'André, précieux, parce qu'il s'inscrit dans l'étude que je fais depuis bientôt 10 ans des cinq grandes blessures humaines (abandon, dévalorisation, maltraitance, rejet et trahison). Cette étude fait l'objet d'un livre que je termine (corrige) en ce moment. Je souhaite parler un peu de la colère, et de la bouderie puisque André le demande !
 
Il n'y a pas une grande différence entre la colère et l'insatisfaction, la première étant l'expression de la seconde. Mais cette colère est-elle vraiment exprimée ? Est-elle libératrice ? J'observe que la personne qui l'exprime le plus facilement, le plus fréquemment, est celle qui a à composer avec une blessure de "rejet". Son expression est alors exclusivement réactionnelle. Elle participe de ce que j'appelle "l'attitude réactionnelle" du "rejeté" : la rébellion. En réalité, le "rejeté" n'a pas plus accès à sa vraie colère que les autres "blessés". Il réagit, se soulage, c'est tout !
 
Tout comme le "rejeté" se révolte, se rebiffe, exprime de la colère (dès lors qu'il réagit), "l'abandonné" se résigne, baisse les bras. C'est compréhensible : le "rejeté" qu'on "repousse" peut faire du forcing, s'accrocher ; "l'abandonné" ne peut que se résigner, il est seul, laissé seul (et depuis si longtemps !) Mais on peut soupçonner la colère qui se cache en lui...

Quant au "trahi", pour prendre un autre exemple, il éprouve et a éprouvé les abus, les empêchements, les contraintes, les tromperies (le "pas clair", le flou - il s'est senti floué). Empêché, il s'est senti limité, arrêté, bloqué. Il a un problème avec la "place" (du mal à trouver, à occuper sa place)...Alors, le "pas clair" le porte à se retirer, à s'isoler, à se replier sur lui-même, à ruminer..., à "bouder" !
La bouderie serait une forme de colère, en effet, en ce sens qu'elle cristallise, (plus justement) une colère non exprimée. Il y a de l'insatisfaction (tout blessé a la sienne), il y a la colère qu'elle engendre, évidemment, et sa non-expression n'est pas sans effet : le maltraité se plaint (à qui veut bien l'entendre) et le trahi bougonne (dans son coin). Le premier est extraverti, le second introverti...

La colère du rejeté n'est pas "méchante". Le rejeté est d'ailleurs toujours un "bon gars" (une "bonne fille"). Mais lorsque le trahi (comme l'abandonné) se met enfin en colère, mieux vaut ne pas en être la victime !... "Quand ça déborde, en fait ça explose !" “ Aujourd'hui", le trahi alimente sa bouderie (et son emprisonnement), son attitude réactionnelle, en continuant de ne pas prendre sa place. Une façon de prendre sa place (surtout pour lui) consiste à "dire non". En maintes circonstances, il ne dit pas ce "non" qu'il ressent pourtant comme tel ou, s'il l'exprime, il culpabilise... Souvent, sa colère et son ressassement sont précédés d'un "non" retenu. Au lieu de confronter ce "non", le trahi tente de faire en sorte que l'autre ne le mette pas en situation d'avoir à opposer un désaccord. Ca ne marche pas, bien sûr !

"Or, un enfant frustré et furieux ne peut pas montrer ses sentiments par peur d'être encore rejeté ou raillé ou invalidé par des réflexions du genre "mais ce n'est rien, fais pas cette tête-là, regarde moi pas comme çà". L'enfant est perdant sur toute la ligne et il va se replier un peu plus sur lui-même (bouder), contrôlant ce qu'il ressent et exprime et décidant qu'il vaut mieux se débrouiller seul voire que cela ne vaut pas la peine d'exister. Certaines maladies graves comme le cancer ont de tels programmes dans leurs causes."

Selon mon point de vue, cet extrait du texte de Christiane évoque parfaitement la programmation d'un trahi dont les "croyances auto-accusatrices inconscientes" sont : je dérange, je ne suis pas important. À partir de ces croyances, il est difficile d'exister, d'occuper sa juste place. On trouvera en effet certains cancers enclenchés par des conflits de territoires (selon la médecine nouvelle du Dr Hamer).
 
En écrivant ici, il me vient que reconnaître sa propre blessure pourrait révéler ce qu'a été son propre "mouvement interrompu" :
- Ma mère et/ou mon père ne sont plus VENUS VERS moi : j'ai été abandonné !
- On m'a RABAISSE, MIS DESSOUS, invalidé : j'ai été dévalorisé !
- On m'a REPOUSSE, FAIT PARTIR : j'ai été rejeté !
- On m'a EMPECHE, LIMITE, ABUSE : j'ai été trahi !
- J'ai subi tout cela : j'ai été maltraité !

Incluant la colère, notre attitude réactionnelle est compréhensible, elle participe du fonctionnement humain ordinaire. La voir est magnifique. C'est ainsi qu'on s'en libère progressivement.



Question de Christiane
 
Il me semble que l'élan interrompu soit un mouvement qui est vécu très tôt et que, plus il est vécu tôt, plus le sentiment de séparation est éprouvé. Et il me semble aussi que tout mouvement interrompu laisse cette impression d’ abandon, de trahi, de rejet. Impression qui sera conditionnée par le contexte transgénérationnel et familial en fonction de sa tonalité spécifique (telle lignée est marquée par l’abandon, une autre porte la trahison...). Nous avons un type de personnalité prédominant (trahi par exemple) avec des composantes des autres types. Qu en penses tu ?




Réponse de Robert


Lise Bourbeau se positionne sur le même sujet. Voici ce qu'elle écrit :

"Mes nombreuses années d'observation m'ont permis de constater que toutes les souffrances de l'humain peuvent être condensées en cinq blessures.  Les voici par ordre chronologique, c'est-à-dire dans l'ordre où chacune d'elles apparaît dans le cours d'une vie.
REJET
ABANDON
HUMILIATION
TRAHISON
INJUSTICE"


Personnellement, je n'ai pas observé  une telle chronologie. En fait, je ne pense pas que notre point de vue soit le même au départ...

Je peux imaginer que l'enfant qui naît après une tentative d'avortement en cours de grossesse soit inscrit dans une blessure de rejet. En revanche, la maman heureuse d'être enceinte (éventuellement mineure) qui cherche à cacher sa grossesse, qui en a honte risque davantage d'avoir un bébé concerné par une blessure de dévalorisation. Imagine ce bébé maintenant là qui subit des regards dégoûtés, vécu comme un bâtard, etc. Cela pourra amplifier la dévalorisation. Si l'enfant qui arrive fait l'expérience qu'il dérange, qu'il n'a pas sa place, ce sera pour une autre histoire, une autre blessure.
 
Maintenant, il y a de quoi accréditer ta question en ce sens que toute blessure (les cinq) représente une séparation. Le conflit de séparation dont parle la Médecine Nouvelle (la Biologie Totale et autres) rappelle généralement le conflit d'abandon, mais, je le répète, toute blessure sépare.
 
Et je viens de rechercher un extrait dans mon livre qui évoque ce point :

J'indique un dernier avantage, non pas le moindre, à connaître ses blessures : c'est en définitive savoir ce dont nous avons à nous dégager pour nous connaître nous-même, pour nous éveiller à notre véritable nature. Nous en sommes ordinairement séparé. Notre blessure est une séparation. Que nous soyons, que nous nous sentions abandonné, dévalorisé, maltraité, rejeté ou trahi, nous nous sentons aussi séparé. Les fausses identifications nous séparent de qui nous sommes, de nous-même.
 
Abandonner, rejeter, trahir, c'est manifestement séparer. Dévaloriser et maltraiter, ça n'est pas créer du lien, du "lien qui fait du bien" !. En outre, comme le montrent les portraits, chaque blessé porte en lui une terrible culpabilité. Puisqu'il se sent coupable, autant dire qu'il se coupe, qu'il se sépare et, ce faisant, qu'il se blesse. Identifier ses blessures, pour « guérir » enfin, c'est voir comment on se blesse soi-même. On s'inflige à soi-même ce que l'on a éprouvé que l'on nous a fait. Le temps est venu de lever le voile...

Il me semble bien que la psychogénéalogie et les constellations familiales apportent de l'eau à mon moulin : ma blessure principale est notamment reliée à un ascendant avec lequel je suis intriqué. Certes, cette dernière peut se révéler "tardivement" dans mon existence, mais je ne peux associer à ce phénomène une chronologie des blessures valable pour tout un chacun.
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :