Julie et la naissance de l'attachement - V. et O. Marc

Publié le par CH Perreau

 

Prendre sa mère ou Restaurer l'élan d'amour 
du 13 au 17 août 2019,
5 jours en résidentiel pour réparer le lien à votre mère.
 
 
L'extrait ci-dessous vous permettra de mieux comprendre l'importance de ce processus. Pour approfondir, découvrez les nombreux articles qui figurent, sur ce blog; dans la catégorie "mouvement interrompu"
 

 

Extrait de “premiers dessins d’enfants” de Varenka et Olivier Marc qui sont psychanalystes et ont beaucoup travaillé avec les enfants et les adolescents. Ils se sont particulièrement intéressés à l’universalité du graphisme de l’enfant (qui ont fait l’objet de 2 livres : premiers dessins d’enfants et l’enfant qui se naître) et pour cela ils ont travaillé avec des mères et des enfants du monde entier.  Varenka a également accompagné de nombreux enfants autistes.



Tout ce que va pouvoir entreprendre Julie dépendra de la qualité de son attachement. Si elle ne “s’attache” pas, Julie ne pourra ni jouer ni dessiner ni parler : elle ne pourra avoir aucune activité relationnelle. Comment s’y prend-elle ?

Imaginons Julie posée sur le ventre de sa mère ; elle vient de naître. Après un moment, son cordon cesse de battre ; on le coupe. Elle est dorénavant physiquement capable d’autonomie. Alors, spontanément, Julie rassemble toutes ses forces et rampe vers le sein ; elle a “un réflexe de fouissement” ; c’est son premier lien, hors utérus. Mais il est précaire ; elle risque encore de ne pas pouvoir quitter le monde d’où elle vient : si elle est physiquement détachée du dedans, elle n’est pas encore “attachée”  sensoriellement au dehors. 

Niko, prix Nobel et Élisabeth Tinbergen, deux spécialistes de l’éthologie animale, ont constaté que, dès sa naissance, un chevreau tète sa mère et la reconnaît sans hésitation parmi d’autres chèvres qui ont mis bas ensemble ; et sa mère ne se laisse téter que par lui. Mais s’ils sont séparés l’un de l’autre pendant un certain temps, ils ne se reconnaissent plus. Si on les met à nouveau ensemble, très serrés l’un contre l’autre dans le silence et l’obscurité, au bout d’un certain temps le chevreau reconnaît sa mère et vice versa : il tète à nouveau. Mais si le temps de séparation a été trop long, le chevreau refuse de téter cette mère qu’il ne reconnaît plus, et elle-même se désintéresse de lui.

Des séparations précoces sont parfois inévitables chez les petits d’hommes. On a fait les mêmes observations qu’en éthologie animale ; il arrive aux bébés de ne plus reconnaître ni leur mère ni personne à la suite de séparations trop précoces et trop prolongées.

Dans le ventre de sa mère, Julie vivait sans attraction ; l’utérus de sa mère la maintenait sous pression de sorte qu’elle échappait à l’attraction terrestre. Elle y était comme en apesanteur. Et, fait qui pourrait paraître étrange, la perception de cet espace sans pesanteur menace de la réabsorber si l’attirance qui provoque l’attachement ne se produit pas. Ses sens, qui ont pour effet de la retenir, doivent être stimulés par sa mère, son réflexe instinctif de fouissement n’étant pas suffisant. Il lui faut développer l’attirance. Ce qui se passe psychiquement répond aux lois qui régissent le mouvement universel ; le bébé qui ne parvient pas à s’accrocher sensoriellement est comme absorbé par un “trou noir”, semblable à ceux qui sont provoqués par l’absence de gravitation : sorte de dépression universelle.

Au tout début, dans l’esprit de Julie, sa mère et elle ne sont qu’un seul être ; quand elle reconnaît sa voix, elle se reconnaît elle-même, sa mère agit comme une sorte de miroir sonore ; elles ont vécu neuf mois d’aventure commune. Et puis, grâce à l’allaitement, aux bercements, au portage qui la rythme et aux soins répétés qu’elle lui donne, Julie commence à ressentir sa mère comme quelqu’un d’autre qu’elle : ces gestes originels permettent la différenciation. Alors peu à peu, elle se différencie sans perdre son lien originel.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :