Ce qui met en péril une relation de couple (5ème partie)

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 Équilibre entre prendre et donner

Cet ordre qui s’applique à toute relation invite à respecter un équilibre où celui qui donne doit recevoir, en échange, autant, sinon un peu plus qu’il n’a donné. Cet équilibre est fondamental dans une relation de couple où sans cesse chacun des partenaires veillera à rendre un peu plus qu’il n’a reçu, afin de maintenir un niveau d’égalité entre le prendre et le donner. Faute de veiller à cet équilibre, un des partenaires aura une dette envers l’autre qui peut l’amener à quitter la relation pour payer sa dette. Cas extrême mais déjà observé.

Ainsi si un homme offre à sa femme un magnifique bouquet, celle-ci, pour ne pas rester redevable de ce présent et pour témoigner de l’amour porté à son homme, donnera quelque chose de spécial pour rééquilibrer leur relation. Si cet homme se sent particulièrement comblé lorsque sa femme lui accorde des moments privilégiés, celle-ci pourra rééquilibrer leur relation en lui accordant une longue soirée au coin du feu, à écouter de la musique et à parler de thèmes qui sont chers à cet homme. Elle donnera un peu plus qu’elle n’a reçu parce qu’elle souhaite témoigner de ses sentiments positifs et faire croître l’affinité entre eux.

Il n’est pas nécessaire que ce qui est rendu soit sous la même forme que ce qui est donné. Nous pourrions nous inspirer de ce que dit Gary Chapman dans son livre “les 5 langages de l’amour” où il mentionne que chaque personne est sensible à une forme d’amour ; il en cite cinq qui sont les paroles valorisantes, les moments de qualité, les cadeaux, les services rendus, le toucher physique. Ce sont des langages qui résultent de notre structure personnelle et de la façon dont nous avons reçu l’amour enfant. Chacun a une ou deux  formes privilégiées qui lui donnent le sentiment d’être aimé, reconnu et avec laquelle il s’exprime. Il est important dans un couple que chacun connaisse le langage de l’autre afin de nourrir la relation et d’ajuster l’équilibre entre prendre et donner.

Si cet équilibre n’est pas respecté, il va occasionner des ressentiments, des reproches, pas toujours visibles mais qui peuvent être dits de façon détournée, avec un désir de réparation quand ce n’est pas de vengeance.... En effet ce principe peut jouer aussi en négatif ; si un des partenaires a blessé l’autre et qu’il y a eu une rupture d’affinité  qui n’a pas été restaurée par la communication, la compréhension, celui qui a été contrarié va tenter de restaurer l’équilibre   en donnant en échange du négatif .

Mais alors il devra veiller à en rendre moins qu’il n’a reçu. Si cette règle était omise, cela engendrerait une escalade de ruptures d’affinité qui ne pourrait que mettre la relation à mal. Et nous comprenons facilement que pour ne pas tomber dans ce cercle vicieux, il est nécessaire d’être très vigilants et auto-conscients. Or si la contrariété réactive  une blessure ancienne, il y a un risque de perdre le contrôle de ses actes ou paroles et que l’incident prenne des proportions indésirables et dommageables à l’harmonie de la relation.

Il est parfois difficile de maintenir cet équilibre dans les couples où l’un se positionne en “sauveur” et va toujours au devant des besoins du partenaire ou prend en charge, plus que sa part, dans la maison ou auprès des enfants. Il y a aussi des gens dont la compulsion est de recevoir beaucoup, beaucoup : ils veulent toujours plus d’attention, d’écoute, de disponibilité de leur compagnon qu’ils n’en donnent. Ils sont perpétuellement insatisfaits, vexés et souvent ces personnes ont du mal à avoir des demandes précises sur leurs besoins. Elles ne peuvent être comblées tellement leur carence affective de la petite enfance a été grande !!!

En effet, cet équilibre dans le couple est très dépendant des formes de relation que nous avons eu avec nos parents et plus particulièrement avec notre mère. Il reste souvent un contexte douloureux avec la mère. La partie de notre existence où nous avons été vulnérables, dépendants physiquement, émotionnellement s’est passée essentiellement dans l’environnement de la mère.  Quel a été son vécu durant la grossesse, l’accouchement et les premiers années de notre existence ! Autant de moments où l’enfant a pu être bouleversé, autant de situations qui, si elles ne sont pas pansées, terminées, risquent d’interférer dans la relation de couple et lui nuire.

Ces moments nous ont formés et déformés au point d’être “coincés” dans des stratégies de survie qui nous font répéter inlassablement les mêmes scénarios, particulièrement avec nos partenaires : déni de soi, suradaptation, incapacité à maintenir nos intentions, dépendance. Ce n’est plus un homme de 70 ans qui agit mais un bébé de quelques mois que la mère a abandonné affectivement suite au deuil de son compagnon ; ce n’est plus une femme de 50 ans mais la petite fille qui a été rejetée, maltraitée, qui s’est sentie toujours en trop, dérangeante. Tous ces incidents majeurs auxquels nous n’avons pu faire face, que nous n’avons pu accepter et qui ont donné naissance à des structures émotionnelles et mentales qui nous laissent que peu de libre-arbitre et nous font réagir dans des schémas stéréotypés qui vont à l’encontre d’un amour mature et de l'équilibre entre donner et recevoir.

(à suivre)

Christiane Perreau


Bibliographie

(1) (2) ces informations m'ont été transmises par Coline d'Aubret, Présiente de la Fédération des Constellations Familiales et Systémiques (Libre Université du Samadeva) et sont issues d'une conférence donnée par Idris Lahore lors du congrès Sagesse et Corps d'octobre 2008 www.constellations-lahore.com
(3) préséance •  de  pré- et séance - Droit de précéder (qqn) dans une hiérarchie protocolaire. Ordre des préséances dans une assemblée, un cortège. Avoir la préséance sur qqn.  

Pour que l’amour réussisse - Bert Hellinger chez Trédaniel textes rassemblés par J. Neuhauser
Les 5 langages de l’amour – Gary Chapman
 

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