Ce qui met en péril une relation de couple (8ème partie)

Publié le par Christiane Perreau

  • Un partenaire est profondément marqué par le mouvement interrompu et reste dans une fragilité émotionnelle génératrice de perturbations dans ses relations aux autres et notamment dans sa vie sentimentale. Mu par une pulsion irrésistible, Il peut mettre fin à une relation quand l’autre devient trop proche, trop important et réveille ainsi des ressentis négatifs issus d’un élan d’amour qui n’a pu aboutir alors que la personne était encore enfant, incapable de gérer ce qui lui arrivait.
  • Cet élan inachevé est excessivement douloureux et tant qu’il n’aura pas été confronté, restauré, il continue à faire partie du temps présent de la personne qui en subit les effets ; souvent, cette rupture s’est faite à l’encontre de la mère et plus elle a eu lieu précocement (de la conception à 3 ans), plus elle fige l’enfant et l’adulte à venir dans des comportements inadéquates.
  • En effet, plus l’enfant est jeune, plus il vit cet incident comme un danger pour sa survie qui peut aller jusqu’à lui faire expérimenter la peur de la mort ou l’envie de mourir. Devenues adultes, ces personnes ont du mal à témoigner de la tendresse par crainte de revivre le désespoir de la rupture, de l’abandon, du rejet. Elles se protègent en étant distantes, indifférentes afin de ne pas dépendre d’autrui, de l’amour d’un partenaire. Elles préfèreront rompre une relation plutôt que de prendre le risque d’être à nouveau “éjectées”. Souvent elles se croient très indépendantes alors qu’elles sont profondément déterminées par leurs mécanismes inconscients de survie.
  • Certaines de ces personnes vont utiliser la sexualité comme une compensation à leur carence affective ; c’est un moyen de recevoir de l’attention sans pour autant s’engager affectivement. Elles peuvent multiplier les partenaires, jamais s’engager vraiment dans une relation d’adulte à adulte, de personne à personne mais rester dans une quête de réparation de leurs blessures d’enfants. Le partenaire est alors vu comme une projection de la mère idéale.


  • Un partenaire a été abusé par un des parents, un proche ou un étranger : c’est une blessure profonde qui charge la personne de ressentis négatifs, de handicaps qui l’empêchent d’avoir une vie affective et sexuelle épanouie. Un petit enfant qui est violenté sexuellement ne comprend pas ce qui lui arrive ; ses points de repères sont totalement déstabilisés, particulièrement s’il s’agit d’un proche (père, oncle, frère) dont le rôle est justement de le protéger, de l’aider à s’approprier sa sexualité et à s’ouvrir aux autres.  La confiance en l’adulte s’effondre et l’enfant n’a plus personne pour assurer sa sécurité physique, émotionnelle ; il en construit des croyances qui limitent ses expériences, sa personnalité.
  • Ces personnes portent souvent beaucoup de honte et une profonde culpabilité ; elles ont l’impression d’avoir commis un acte néfaste dont elles s’attribuent la responsabilité. Elles se vivent comme coupables parce qu’elles n’ont pas pu empêcher cette agression, ne voyant pas qu’au moment de  l’incident elles n’en avaient pas les moyens. Que peut faire un enfant de 6 mois, 3 ou 6 ans face à de tels abus, de telles maltraitances ? Il est impuissant et non coupable ! Quelqu’un a manqué à son rôle et à ses responsabilités en commettant un acte grave dont les conséquences sont désastreuses pour l’avenir de cet enfant.
  • Dans  les familles nous pouvons observer que souvent les parents sont complices de l’inceste comme ces mères qui ne peuvent répondre à la demande de sexualité de leur mari parce qu’elles sont intriquées (elles ont vécu l’inceste, le viol et cela peut même être inscrit dans la lignée féminine ; elles sont dépressives, identifiées à un mort et donc absentes à elles-mêmes et à leur environnement) ; alors elles permettent que l’enfant fasse à leur place et il arrive qu’il y consente pour maintenir l’équilibre du système.
  • Dans de telles situations, il sera important de restituer les torts et la culpabilité aux bonnes personnes afin qu’elles assument leurs responsabilités. La difficulté est de discerner le parent de son comportement aberré s’il se trouve être également le père ou le frère ou le grand père. Or,si nous les excluons pour ce méfait, nous créerons un nouveau déséquilibre, d’où l’importance de dégager la personne de l’intrication qui l’a poussée à commettre cet acte.
Se confronter à de telles souffrances, aussi douloureuses soient-elles, initie un changement, un soulagement qui va permettre à la personne abusée de se libérer d’une grande partie des charges émotionnelles liées à l’incident et d’envisager l’autre sexe sous un regard neuf. Travailler sur de tels sujets demande beaucoup de respect et un environnement sécuritaire afin que la personne ne se sente pas une nouvelle fois agressée. C’est cela qui lui offrira une perspective de guérison que n’ont pas eue les générations antérieures.  


  • Un des partenaires est stérile ou ne souhaite pas avoir d’enfant : cela constitue une difficulté dans la relation qui peut conduire à une rupture ; si les partenaires restent ensemble, le conjoint stérile devra reconnaître ce que fait son partenaire comme un privilège de grande valeur et l’honorer pour cela. Pour maintenir l’équilibre entre le prendre et le donner, il sera important qu’il témoigne à son compagnon qu’il peut vraiment compter sur lui.


  • Un des partenaires devient handicapé physique ou mental : une femme est amputée d’une jambe suite à un cancer, une autre est opérée d’une scoliose et se trouve limitée dans toutes ses actions, un homme est accidenté avec de multiples fractures à une jambe, un autre est maniaco-dépressif et passe des mois en clinique psychiatrique, autant d’ incidents qui viennent rompre l’équilibre d’un couple, notamment entre le donner et le recevoir.
  • Celui qui devient handicapé ne peut plus rendre à son  partenaire ce qu’il reçoit et n’aura pas d’autre solution à un moment donné que de partir pour payer sa dette... Il éprouvera frustration, amertume, colère de ne pouvoir rendre à l’autre. Les placements nous montrent alors que le partenaire handicapé devra tout particulièrement remercier son conjoint, lui témoigner de la reconnaissance. Des phrases comme “je vois que tu peux donner plus que moi et je le prends comme un cadeau que je respecte et qui t’honore”.
  • La venue d’un enfant handicapé est aussi un élément qui perturbe profondément une relation de couple. Des questions graves comme garder l’enfant ou pas, comment prendre en charge ce handicap  voire être confrontés à la décision de lui permettre de survivre ou pas se posent. Et si le couple n’est pas soudé face à cette épreuve et ne la porte pas ensemble ou se fait des reproches, la relation est en danger. Une autre difficulté réside dans le fait de maintenir la priorité de la vie de couple sur celle de parents. Or, élever un enfant handicapé demande parfois un investissement considérable tant sur le plan physique que moral qui met à mal cet équilibre.

 

  • Un des partenaire reste lié à son partenaire précédent ; bien que divorcé, séparé, la relation n’est pas finie, il reste de la tendresse, de l’attachement, de la culpabilité ou des reproches qui font que les partenaires n’ont pas réellement clos leur cycle et ne sont pas disponibles pour une autre relation. Ou le partenaire précédent n’a pas été reconnu, honoré en tant que premier partenaire, notamment après le décès de l’un d’eux ou des séparations, divorces. (ce thème sera développé dans un prochain article).

 

(à suivre)



Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :