Constellations et spiritualité (3ème partie)

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Voir notre vraie nature,
c'est entrer dans la vision de la non-matérialité,
dans la non-âme, le non-esprit, le non-corps.

Douglas Harding
Renaître à l'évidence


Constellation et Éveil à sa vraie nature


Toutefois, même s’il est question de « grande Âme » ou de Tout, il me semble que peu de personnes du monde des constellations ait le concept d’éveil à sa Vraie Nature. Or, selon ma conception, un chemin spirituel devrait inclure cette donnée de façon claire. Et le but des constellations n’est pas de s’éveiller à notre Essence, à la Vacuité que nous sommes, même si cela peut arriver à toute personne, qu’elle soit cliente, représentante, animateur au cours d’un stage ou même à tout moment de son existence. Et pour savoir que nous nous éveillons à qui nous sommes fondamentalement, encore faut-il en avoir le concept !

D’ailleurs s’éveiller à sa vraie nature est un fait naturel. Il se pourrait que ce soit alors la Conscience qui prenne conscience d’elle-même dans le Ici et Maintenant.
Cette Conscience sans contenu n’a ni passé ni futur. Elle est ICI et s’éveiller à cela, c’est en faire l’expérience directe, immédiate. C’est une expérience qui court-circuite le mental, nos fonctionnements habituels, nos identités existentielles.

La question est que cela ne dure que quelques instants, quelques heures, quelques semaines pour la majorité d’entre nous. En quoi les constellations pourraient nous faciliter cet éveil ?

Si nous ne pouvons stabiliser cet éveil, c’est-à-dire maintenir la conscience de qui nous sommes, c’est que nous sommes identifiés à des traumas, pris dans des cycles non aboutis, des intrications, des charges émotionnelles et des intentions contradictoires qui aspirent toute notre attention et nous empêchent de voir que nous sommes celui ou celle qui fait exister les choses en les nourrissant d’attention.

D’où l’importance de toute approche qui permet de réduire nos traumas, dénouer nos identifications compulsives qui nous font créer un futur à l’identique de notre passé. Toutes les expériences douloureuses que nous n’avons pu intégrer constituent une « masse » dans la conscience que nous appelons inconscient et qui détermine nos existences. La constellation étant un outil qui permet de se désidentifier d’intrications, d’identités va donc réduire la confusion et participer à ce processus de clarification. Mais la constellation a ses limites et ne peut tout solutionner.

La constellation pourrait nous apprendre une chose fondamentale, à savoir que nous ne sommes pas ce à quoi nous nous identifions. En effet, la Conscience sans contenu donne existence aux choses, aux réalités en s’identifiant. Ainsi nous sommes identifiés à nos corps, nos émotions, notre mental, nos amours, nos rancoeurs….

Or la constellation nous donne l’opportunité de vivre une expérience pas banale et en toute conscience ; en effet un représentant va, durant un séminaire, plusieurs fois s’identifier tour à tour à des personnes mortes ou vivantes, à des concepts comme la maladie, la mort, l’ordre, la connaissance, les forces de vie et il va en sortir. C’est-à-dire qu’il fait l’expérience de différents états d’être puis reprend ses identités habituelles.

N’est-ce pas étrange cette capacité à représenter quelqu’un ou quelque chose puis à s’en retirer, le plus simplement du monde. Tout le monde sait faire cela. Pas besoin d’apprentissage. S’identifier est une aptitude naturelle ; d’ailleurs la majeure partie de nos apprentissages, nous les avons faits par identification ; c’est le mode d’apprentissage des enfants, de la Vie ! Le problème pourrait être que cette aptitude ne soit pas maîtrisée. Et en ce sens, les constellations représentent un excellent entraînement.

Et nous pourrions concevoir qu’à force de s’identifier et de désidentifier, quelqu’un pourrait prendre conscience qu’il n’est rien de tout cela, qu’il n’est pas tous ces rôles y compris qu’il n’est pas son corps, ses émotions, son histoire, son mental, son esprit ou son âme. Il pourrait prendre conscience qu’il n’est ni ceci ni cela mais fondamentalement celui qui prend conscience, celui qui définit, celui qui s’identifie, celui qui élimine, celui qui ressent ; il pourrait prendre conscience qu’il est la source créatrice de son destin et qu’il est fondamentalement la Vie.

C’est le propre de la Vie de s’identifier…. Sauf  que la vie que nous sommes se fait piéger par la souffrance et le plaisir. En effet, ce qui lui est agréable, elle souhaite le faire persister et ce qui lui est désagréable, elle ne le confronte pas, le refuse, le refoule, créant ainsi des couches d’illusions, de l’inconscience et de l’aberration. L’existence avec ses objectifs et ses buts dure plus qu’une constellation et la Vie pourrait se perdre dans des cycles multiples non terminés qui l’éloignent sans cesse de qui elle est. La Vie ou la Conscience sans contenu se perd dans la jungle des contenus de conscience qui n’en finissent pas, d’autant que nous avons du mal à clore nos cycles. Ainsi la Vie se piège t-elle dans le monde de la dualité et se rétrécit à l’existence, au monde de la forme et du nom, au monde limité, elle qui était illimitée….


Le propre d’une constellation est d’intégrer de nouveaux points de vue, d’élargir le champ de conscience d’une personne, d’un système. En effet, elle englobe les opposés, inclut les bourreaux, les victimes, les morts, les vivants, les identités contraires ; elle nous fait sortir d’un point de vue étriqué pour nous accorder à ce qui est, pour reconnaître ce qui a été quoique ce soit (viol, inceste, infanticide, trahison), sans jugement, ouvrant ainsi une voie qui rassemble et unifie ce qui semblait inconciliable. En ce sens, la constellation œuvre vers le non-duel, particularité de la Conscience sans contenu.



Ce que j'appelle la vision parfaite n'est pas
voir les autres, mais soi-même

Chouang-Tseu (IIIè siècle avant JC)



(à suivre)

Christiane Perreau

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